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monumentum aere perennius

30 octobre 2009

Le Masque Statue allégorique dans le goût de la

Le Masque

Statue allégorique dans le goût de la Renaissance

A Ernest Christophe, statuaire.

Contemplons ce trésor de grâces florentines ;
Dans l'ondulation de ce corps musculeux
L'Elégance et la Force abondent, sœurs divines.
Cette femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement robuste, adorablement mince,
Est faite pour trôner sur des lits somptueux
Et charmer les loisirs d'un pontife ou d'un prince.

– Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
Où la Fatuité promène son extase ;
Ce long regard sournois, langoureux et moqueur ;
Ce visage mignard, tout encadré de gaze,
Dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur :
"La Volupté m'appelle et l'Amour me couronne !"
A cet être doué de tant de majesté
Vois quel charme excitant la gentillesse donne !
Approchons, et tournons autour de sa beauté.

O blasphème de l'art ! ô surprise fatale !
La femme au corps divin, promettant le bonheur,
Par le haut se termine en monstre bicéphale !
– Mais non ! ce n'est qu'un masque, un décor suborneur,
Ce visage éclairé d'une exquise grimace,
Et, regarde, voici, crispée atrocement,
La véritable tête, et la sincère face
Renversée à l'abri de la face qui ment.
Pauvre grande beauté ! le magnifique fleuve
De tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux,
Ton mensonge m'enivre, et mon âme s'abreuve
Aux flots que la Douleur fait jaillir de tes yeux !

– Mais pourquoi pleure-t-elle ? Elle, beauté parfaite,
Qui mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
Quel mal mystérieux ronge son flanc d'athlète ?

– Elle pleure insensé, parce qu'elle a vécu !
Et parce qu'elle vit ! Mais ce qu'elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu'aux genoux,
C'est que demain, hélas ! il faudra vivre encore !
Demain, après-demain et toujours ! – comme nous !

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4 février 2009

Journal d’un curé de campagne de Georges BERNANOS

Journal d’un curé de campagne de Georges BERNANOS  (troisième partie)

Il en aura été de cette journée capitale ainsi que des autres : elle ne s’est pas achevée dans la crainte, mais celle qui commence ne s’ouvrira pas dans la gloire. Je ne tourne pas le dos à la mort, je ne l’affronte pas non plus comme saurait le faire sûrement M. Olivier. J’ai essayé de lever sur elle le regard le plus humble que j’ai pu, et il n’était pas sans un secret espoir de la désarmer, de l’attendrir. Si la comparaison ne me semblait pas si sotte, je dirais que je l’ai regardée comme j’avais regardé Sulpice Mitonnet, ou Mlle Chantal… Hélas ! il y faudrait l’ignorance et la simplicité des petits enfants.

Avant d’être fixé sur mon sort, la crainte m’est venue plus d’une fois de ne pas savoir mourir, le moment venu, car il est certain que je suis horriblement impressionnable. Je me rappelle un mot du cher vieux docteur Delbende rapporté, je crois, dans ce journal. Les agonies de moines ou de religieuses ne sont pas toujours les plus résignées, affirme-t-on. Ce scrupule me laisse aujourd’hui en repos. J’entends bien qu’un homme sûr de lui-même, de son courage, puisse désirer faire de son agonie une chose parfaite, accomplie. Faute de mieux, la mienne sera ce qu’elle pourra, rien de plus. Si le propos n’était très audacieux, je dirais que les plus beaux poèmes ne valent pas, pour un être vraiment épris, le balbutiement d’un aveu maladroit. Et à bien réfléchir, ce rapprochement ne peut offenser personne, car l’agonie humaine est d’abord un acte d’amour.

Il est possible que le bon Dieu fasse de la mienne un exemple, une leçon. J’aimerais autant qu’elle émût de pitié. Pourquoi pas ? J’ai beaucoup aimé les hommes, et je sens bien que cette terre des vivants m’était douce. Je ne mourrai pas sans larmes. Alors que rien ne m’est plus étranger qu’une indifférence stoïque, pourquoi souhaiterais-je la mort des impassibles ? Les héros de Plutarque m’inspirent tout ensemble de la peur et de l’ennui. Si j’entrais au paradis sous ce déguisement, il me semble que ferais sourire jusqu’à mon ange gardien.

Pourquoi m’inquiéter ? Pourquoi prévoir ? Si j’ai peur, je dirai : j’ai peur, sans honte. Que le premier regard du Seigneur, lorsque m’apparaîtra sa Sainte Face, soit donc un regard qui rassure !

Source : Bernanos (Georges), Journal d’un curé de campagne, Paris, Plon, coll. « Presses Pocket », 1974

4 février 2009

Théodore Chasseriau, Héro et Léandre, (env1849)

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15 janvier 2009

Victor HUGO, La Conscience, La légende des siècles, 1859

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Lorsqu'avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva
Au bas d'une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d'haleine
Lui dirent : - Couchons-nous sur la terre, et dormons. -
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres
Il vit un œil tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l'ombre fixement.
- Je suis trop près, dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l'espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil. Il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
- Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. -
Et, comme il s'asseyait, il vit dans les cieux mornes
L'œil à la même place au fond de l'horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
- Cachez-moi, cria-t-il ; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l'aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
Étends de ce côté la toile de la tente.
Et l'on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l'eut fixée avec des poids de plomb :
Vous ne voyez plus rien ? dit Tsilla, l'enfant blond,
La fille de ses fils, douce comme l'aurore ;
Et Caïn répondit : - Je vois cet œil encore !
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans les clairons et frappant des tambours,
Cria : -Je saurai bien construire une barrière.
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit : - Cet oeil me regarde toujours !

Hénoch dit : - Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle.
Bâtissons une ville, et nous la fermerons.
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu'il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d'Enos et les enfants de Seth ;
Et l'on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des nœuds de fer,
Et la ville semblait une ville d'enfer ;
L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d'entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l'aïeul au centre en une tour de pierre.
Et lui restait lugubre et hagard. - O mon père !
L'œil a-t-il disparu ? dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : -Non, il est toujours là.
Alors il dit : - Je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. -
On fit donc une fosse, et Caïn dit : C'est bien !
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'œil était dans la tombe et regardait Caïn.

21 novembre 2008

la droiture dans une existence

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27 octobre 2008

JAUFRE RUDEL (Amour Lointain XIIème)

Quand les jours sont longs, en Mai, j'aime le doux chant des oiseaux lointains ; et quand mon esprit s'éloigne de là, il me souvient d'un amour lointain; je vais, plein de désir, inquiet et songeur, si bien que ni chant ni fleur d'aubépine ne me plaisent plus que l'hiver gelé.

Certes, je tiens pour vrai le seigneur par qui je verrai l'amour lointain; mais pour un bien qui m'en échoit, j'éprouve deux maux, car il n'est pas trop lointain. Ah ! Que ne suis-je pélerin, là-bas! Puissent mon bâton et mon habit être contemplés par ses beaux yeux !

Quelle joie quand je lui demanderai, pour l'amour de Dieu, le gîte lointain; et s'il lui plaît, je serai son hôte, près d'elle, moi qui suis si lointain.

27 octobre 2008

SHAKESPEARE (extrait du Roi Lear)

Mieux vaut être méprisé et le savoir qu'être méprisé et s'entendre flatter. L'être le plus vil, le plus infime, le plus disgracié de la fortune est dans une perpétuelle espérance et vit hors de l'inquiétude. Il n'est de changement plus lamentable que dans le bonheur : le malheur a pour revers la joie . Sois donc la bienvenue, brise impalpable que j'embrasse ! Le misérable que tu as jeté dans la détresse est quitte envers tes orages.

26 octobre 2008

palindromes

In girum imus nocte et consumimur igni.

Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu.

Sator Arepo Tenet Opera Rotas.

Le semeur à son arraire tient les roues (du destin).

20 octobre 2008

Gustave DORE l'énigme

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18 octobre 2008

(le désert des tartares 1976)

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(le désert des tartares 1976)

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